Entre suivisme (tendance ou mode) et perte d’estime de soi, ce phénomène de société a cours depuis des décennies en Afrique. Autrefois limité à la gent féminine, il s’est peu à peu étendu aux hommes. De nos jours, ce sont les enfants de tout âge confondu qui en sont victimes malgré eux. Mais comment sommes-nous arrivés à ce niveau ? Est-ce par ignorance des effets de la dépigmentation (tcha) sur la santé ou par choix délibéré ?

La tendance…

Au début, la pratique de la dépigmentation s’observait plus dans une couche particulière de la population africaine : celle des travailleuses du sexe (prostituées). On pouvait facilement comprendre que celles-ci y ont recours dans le souci d’attirer plus de clients. L’homme noir étant “obnubilé par tout ce qui est clair”. Est-ce un corollaire des siècles d’esclavage et de colonisation, pourrait-on se demander ? Une sorte de syndrome de Stockholm. La peau claire ayant été le bourreau de l’homme noir, ce dernier l’a idéalisée au point de considérer la femme de même teint de peau comme plus attirante ou méritant toutes ses faveurs. C’est ainsi que, dans le souci de ne pas perdre leur homme, certaines femmes africaines mariées se sont mises également dans le jeu. C’est devenu tendance.

L’émancipation…

Ensuite vint l’ère de l’émancipation de la femme. La femme africaine, qui autrefois ne pouvait pas afficher clairement ou dire ouvertement son « genre d’homme », commença à le faire. Il s’est avéré donc qu’homme comme femme, notre psychisme fonctionne de la même manière sur ce plan. La femme noire aussi est “obnubilée par tout ce qui est clair”. Ayant compris le jeu, certains hommes africains s’y sont mis pour être adulés des femmes africaines. Une manière aussi de les garder au pays, pour qu’elles ne songent pas à traverser les océans pour rejoindre leur “whity” (rire).

L’émancipation a aussi conduit certaines femmes africaines à faire délibérément le choix de la dépigmentation pour s’afficher aux yeux de la société comme des modèles en dépit des conséquences sanitaires.

Le jeu de séduction…

Jusque-là, on comprend que dans le jeu de la séduction, le psychisme humain ne fonctionne pas toujours en fonction du genre. Ainsi, tout ingrédient utilisé pour attirer l’attention ou obtenir la faveur de l’autre est considéré comme valable, même si cela dégrade la santé sur le long terme ; le but étant déjà atteint. C’est ainsi que la pratique de la dépigmentation a cours depuis des décennies sous nos cieux.

Les effets de la dépigmentation sur la santé

Concernant les effets de la dépigmentation (tcha) sur la santé, ils sont nombreux. Il n’est pas nécessaire de les énumérer en détail ; une simple recherche en ligne vous fournira une liste complète. Cependant, rappelons quelques-uns de ces effets :

• Les atteintes de la peau :
  • Infectieuses : gale humaine, dermatophyties, dermohypodermites bactériennes, etc.
  • Non infectieuses : acné, vergetures, etc.
  • Troubles pigmentaires : ochronose exogène (voir l’image d’illustration ci-dessus), hyperpigmentation interphalangienne, etc.
  • Tumeurs cutanés : carcinomes cutanés (cancers de la peau)

• Les atteintes générales :
  • Diabète
  • Hypertension artérielle
  • Troubles neurologiques : neuropathies périphériques (maladies des nerfs), amnésie (perte de mémoire), troubles du sommeil, etc.
  • Néphropathies (maladies des reins)

Ces effets ne sont rien d’autre que ceux associés à une utilisation prolongée des corticoïdes.

Les corticoïdes…

En médecine, les corticoïdes (glucocorticoïdes ou corticostéroïdes) sont des médicaments appartenant à la famille des anti-inflammatoires, plus précisément aux anti-inflammatoires stéroïdiens. Ils sont utilisés dans le traitement de diverses maladies, telles que :

• les troubles de la sphère ORL (sinusite, rhinopharyngite, laryngite, etc.) ;
• les maladies pulmonaires (asthme, bronchite aiguë, bronchopneumopathie chronique obstructive, etc.) ;
• l’eczéma et les dermatites atopiques ;
• les vascularites (inflammation des vaisseaux sanguins) ; la maladie de Horton (inflammation de l’aorte) ;
• la polyarthrite rhumatoïde.

En pratique courante, les corticoïdes sont utilisés de manière contrôlée et généralement pour une courte durée. Une utilisation prolongée et étendue expose à des effets secondaires potentiellement graves, tels qu’un défaut de cicatrisation après une césarienne dû à l’amincissement et à la fragilité de la peau. C’est précisément ce qui se produit avec la dépigmentation : une application sur de grandes surfaces de la peau, à fortes doses et sur une longue période. Les produits de dépigmentation contiennent souvent des corticoïdes (sous forme de comprimés écrasés, injectables ou topiques) ainsi que de l’hydroquinone, entre autres composants.

Mais… Pourquoi ?

Avec l’évolution actuelle de cette pratique, il est légitime de se demander : pourquoi y impliquer les enfants ?

Pourquoi impliquer des êtres innocents qui n’ont rien demandé dans votre jeu de séduction malsain ? Ces êtres à la peau fragile, dont l’immunité est en cours de développement. Pourquoi fragiliser davantage leur peau ? Pourquoi affaiblir leur immunité, qui n’est pas encore robuste, et les exposer aux infections ? Pourquoi leur ajouter inutilement un facteur de risque de maladies cardiovasculaires et métaboliques ?

Pour certaines mères, l’idée serait que, en dépigmentant très tôt l’enfant, il pourrait garder ce teint clair toute sa vie (Bullshit !). On oublie que la couleur de peau est définie par les gènes et que notre peau est noire parce qu’elle contient suffisamment de mélanine, un pigment naturel qui nous protège des rayons ultraviolets du soleil.

Le tcha (dépigmentation) est un problème persistant. Nous devons certainement y travailler sur plusieurs générations.