Officiellement, cela fait cinq ans que nos chers Maîtres nous ont conférés le titre de Docteur en Médecine. Et devinez quoi, la coïncidence veut que cela tombe à nouveau un vendredi ! Profonde déférence, chers Maîtres. Que de chemin parcouru, que de sentiers arpentés, que de montagnes franchies. Après sept à huit années passées au couvent de la science médicale, nous découvrons la vraie vie avec ses réalités et ses défis. Mais cela ne devrait pas émousser notre volonté d’émancipation professionnelle. Pour paraphraser l’un de nos Maîtres, le Professeur titulaire de Santé Publique, Badirou Din AGUEMON : ‘Soyons des médecins trois-étoiles‘.

Première étoile

Être un médecin diplômé d’état est un gros titre ronflant qui te donne droit à pas grand-chose dans la vraie vie. Administrativement parlant, on pourrait te comparer à quelqu’un qui vient d’avoir son Master professionnel. Comme j’aime à le dire, avec ce titre, tu viens à peine d’entrer dans le monde de la science médicale. Tu es encore au bas de l’échelle et il te reste pas mal de défis professionnels à relever. Le premier est ta spécialisation médicale. Si ailleurs le parcours est assez direct sans interruption, sous nos cieux, la spécialisation demeure encore un choix, mais pas pour longtemps car le monde bouge à une vitesse grand V. On parle déjà de sous-spécialisation en Médecine et plus encore. Si tu en restais là, tu serais très vite oublié. Il te faut vite décrocher ta première étoile : la spécialisation médicale.

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Deuxième étoile

Oui, tu es médecin spécialiste en ceci ou cela. C’est bien, mais si tu penses que tu es déjà arrivé, tu as tout faux. En tant que clinicien, tu ne fais qu’appliquer des notions, protocoles, ou recommandations dictés par quelqu’un d’autre (un autre médecin). Sous nos cieux, cela est encore tellement vrai que presque tout ce que nous appliquons vient d’ailleurs. Protocoles et recommandations issus d’études scientifiques réalisées sur des sujets non africains de souche, ou à la limite sur des noirs américains, sont extrapolés sur des populations africaines aux réalités totalement différentes. C’est vrai que cela donne jusque-là de bons résultats, mais la science médicale évolue. Ailleurs dans le monde, on pense déjà à des médicaments personnalisés qui tiendront compte des caractéristiques intrinsèques et extrinsèques des individus. Ton talent de chercheur est recherché. Tu ne peux plus te contenter d’être un simple clinicien. Il te faut vite décrocher ta deuxième étoile : la recherche en santé.

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Troisième étoile

Être médecin, c’est être un chef, ‘comme un chef d’orchestre’, comme l’a dit quelqu’un. Disons plutôt un leader, c’est plus tendance. En tant que médecin, tu es appelé à gérer des ressources humaines, financières et matérielles. Tu devras tâcher de bien le faire, faute de quoi tout ceci pourrait te revenir en pleine figure. Cela pourrait limiter ton ascension sociale. Pourtant, en tant que médecin, ton background de vie te qualifie pour des postes de responsabilité bien plus élevés. Il te faut vite décrocher ta troisième étoile : les sciences de gestion.

Médecin tu es… Médecin tu resteras.

Par Dr. Mahunan Gérard SOSSOU, Médecin Épidémiologiste, D.E.S en Sécurité et Santé au Travail, Alumnus Civic Leadership du CRL YALI Dakar.

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