S’il y a un sujet médical dont l’intérêt crée le plus de polémiques au sein de nos populations (africaines) depuis quelques années, c’est la vaccination. Cette polémique est d’autant plus vive en cette période de pandémie à coronavirus (SARS-CoV-2). En effet, l’impact sanitaire envisagé sur le continent (africain) selon les projections épidémiologiques n’est pas au rendez-vous. Le monde scientifique se pose alors la question pour savoir : pourquoi ? qu’est-ce qu’on a loupé ?
Bref rappel sur la vaccination
La vaccination c’est le fait de (se) vacciner. (Se) vacciner c’est (se faire) administrer un vaccin dans le but de (se) protéger contre un agent infectieux. Un vaccin est toute préparation antigénique (d’antigènes) dont l’administration à un sujet réceptif induit une réponse immunitaire protectrice spécifique à un agent infectieux.
Il existe quatre (04) principaux types de vaccins selon leur préparation : vaccins à base d’agents infectieux inactivés, vaccins à base d’agents vivants atténués, vaccins à base de sous-unités d’agents infectieux, vaccins à base d’anatoxines.
Le principe de la vaccination c’est de préparer l’organisme du vacciné à mieux se défendre face à un agent infectieux déjà connu, on parle d’immuniser. Ainsi, après vaccination l’organisme prépare sa défense en produisant des anticorps dirigés contre l’agent infectieux identifié, ou en mettant en place d’autre mécanisme de défense.
Bon à savoir…
Les vaccins existent selon des âges ou tranches d’âges. Exemple du Programme Elargi de Vaccination (PEV) instauré dans la plupart des pays (africains) pour protéger les individus les plus faibles et vulnérables de la population que sont les nouveau-nés et nourrissons de 0 à 9 mois. Mais au-delà de 9 mois, il existe d’autres vaccins communément appelés « vaccins hors PEV ». Dans ce lot, certains sont très utiles voire indispensables pour certaines catégories de malades comme les drépanocytaires (SS ou SC) ou les personnes à qui on a dû retirer la rate (organe de défense de l’organisme) pour une raison ou une autre. Il s’agit des vaccins contre les germes encapsulés (méningocoque, pneumocoque, haemophilus).
Le vaccin ne protège pas contre toutes les maladies qui existent, ni contre tous les agents infectieux responsables d’une maladie. En effet, dans l’opinion public, on pense qu’on ne doit plus souffrir de maladie puisqu’on est vacciné … Faux, le vaccin n’est pas un cocktail ou une potion magique qui vous débarrasse de toutes les maladies de l’existence humaine.
Le vaccin est propre à une maladie. Exemple du vaccin BCG (Bilié de Calmette et Guérin) utilisé pour se protéger des formes graves de tuberculose chez l’humain.
Le vaccin est spécifique à une ou quelques formes de l’agent infectieux responsable d’une maladie. Exemple du vaccin conjugué contre les méningocoques A-C-Y-W135 responsables de méningite. Ce vaccin ne protège que contre ces formes de méningite. Il existe d’autres agents infectieux responsables de méningite.
Quid d’un probable vaccin contre le coronavirus SARS-CoV-2
Plein de recherches sont en cours pour aboutir à un ou plusieurs vaccins contre la COVID-19. Les résultats sont prometteurs puisque des candidats (vaccins) sont déjà annoncés pour être mis sur le marché d’ici peu. Eurêka ! … nous sommes sauvés. Mais…
Réflexions…
Des vaccins produits pour la plupart en dehors du continent africain, testés en majorité sur des populations occidentales et dans un contexte sanitaire occidental auront-ils le même résultat escompté sur un africain lambda ?
La pandémie de COVID-19 nous montre que l’Occident n’a pas toujours un contexte sanitaire meilleur que l’Afrique, que l’occidental n’a pas forcément une immunité plus robuste que l’africain, qu’en raison de paramètres que nous ignorons tous pour le moment l’organisme d’un africain peut mieux résister à un virus qui décime la population occidentale…
Et donc qu’un vaccin produit dans un contexte sanitaire occidental pourrait ne pas convenir pour un contexte sanitaire africain.
Alors pourquoi ne pas repenser le processus de fabrication de vaccins en le contextualisant, en l’adaptant aux réalités africaines, en l’optimisant pour l’organisme d’un africain lambda.
En attendant que les nôtres se mettent à faire de la vraie recherche de laboratoire, je nous invite à nous faire vacciner. A défaut de rien, contentons-nous de ce que l’autre peut nous donner pour notre bien-être.