Ayant effectué tout mon cursus scolaire dans le système éducatif béninois, et après avoir participé à la première session du programme Jeunes Leaders du Bénin (JLB) 2024 de la Fondation Friedrich Ebert (Friedrich Ebert Stiftung – FES) Bénin, je peux affirmer que ma perception de l’histoire de mon pays bien-aimé, le Bénin, anciennement le Dahomey, a considérablement évolué. L’enseignement reçu à l’école ne permettait pas une vision objective de l’origine des problèmes qui affligent notre système politique actuel. Comme le dit un passage biblique : «Ce qui a été, c’est ce qui sera, et ce qui s’est fait, c’est ce qui se fera, il n’y a rien de nouveau sous le soleil.» (Ecclésiaste 1, verset 9)
D’où venons nous ?
Avec ses multiples royaumes et empires tels que Danhomè, Hogbonou, Igbo, Idaasha, Kouandé, Nikki, chacun avec sa zone d’influence et des ambitions expansionnistes, le colon a transformé cette région en un territoire délimité (conférence de Berlin, 1885) et unifié sous le nom de colonie du Dahomey (et dépendances) en 1894 afin de l’administrer « pacifiquement », mais cela s’est révélé être une tâche ardue. Il s’agissait de la colonie la plus agitée de toute l’Afrique Occidentale Française (AOF).
Entre la farouche résistance des Hollidjè (1906-1916), les révélations médiatiques sur les exactions et les actes de détournement/corruption du colon dans le tout premier journal totalement dahoméen « Le Guide du Dahomey » dont la devise était « La Vérité Sans Peur » (1920), les incidents de 1923 à Porto-Novo (protestations contre l’augmentation des impôts), le plus long procès de l’histoire du Dahomey avec 43 audiences dans l’affaire du journal « La Voix du Dahomey » (1936), la première élection à l’assemblée constituante française en 1944 ayant échoué à l’étape de référendum en France et reprise en 1945 (deux élus, le révérend-père Francis AUPIAIS et Sourou Migan APITHY), la création des premiers partis politiques dès 1946, l’Union Progressiste du Dahomey puis le Bloc Populaire Africain, le colon a été contraint d’accorder progressivement l’autonomie à cet État, établi par référendum en 1958 et proclamé République la même année, avant de lui accorder l’indépendance en 1960.
Après l’indépendance
La suite est bien connue de tous, avec douze (12) années d’instabilité politique de 1960 à 1972, marquées par un trio de dirigeants émergents : Hubert MAGA, Sourou Migan APITHY et Justin AHOMADEGBE, suivies de dix-huit (18) années de révolution marxiste-léniniste sous le régime autoritaire du chef de bataillon Mathieu KEREKOU, et enfin le renouveau démocratique entamé depuis la Conférence des Forces Vives de la Nation en février 1990, marqué par un trio de dirigeants : Nicéphore SOGLO, Boni YAYI et Patrice TALON.
Où allons nous ?
À la lumière de tout cela, on peut dire que nous avons traversé toutes les étapes politiques imaginables. Notre vie politique a été riche et mouvementée, ponctuée d’intrigues politiques sans précédent. Mais avons-nous réellement tiré des enseignements de ces expériences pour envisager un avenir politique meilleur pour notre pays, qui n’a toujours pas atteint l’unité tant recherchée, ni par le colon ni par nos dirigeants politiques après l’indépendance ?
Nous avons une NATION à bâtir… Un pays où l’intérêt général prime sur les intérêts personnels et égoïstes, où la participation inclusive est encouragée, où la redevabilité des dirigeants politiques est exigée, et où le contrôle citoyen est effectif.