De la pharmacie “Les 4 thérapies” (« je ne saurais vous dire quelles sont ces 4 thérapies ») à Mìssèbò, en passant par Gbogbanù, Sòflàdòtó, Sìngbòglwé, etc., Dantokpa m’a vu, Dantokpa m’a connu. Ce haut lieu d’échanges commerciaux est unique en son genre et occupe une place de choix dans l’économie de notre pays, le Bénin.

Petite histoire de Dantokpa

À l’origine, dans les années 1940, c’était le marché Tokpa (« près de la lagune »). La présence du lieu de culte dédié au fétiche Dan a conduit à la transformation de son nom en Dantokpa. Dantokpa signifie en langue fon « sur les bords de la lagune de Dan ». Dan est une divinité béninoise représentée par le serpent, dieu de la prospérité et de l’abondance. Un autel dédié à Dan et contenant un fétiche se trouve encore au sein du marché.

Le marché est situé dans le 4^ème arrondissement de Cotonou et occupe près de 25 hectares, envahissant même les habitations avoisinantes. C’est le plus grand marché à ciel ouvert d’Afrique de l’Ouest, rassemblant quotidiennement plus d’un million d’acheteurs en provenance d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Cependant, avec la nouvelle structuration de l’économie du pays en cours, il est appelé à disparaître pour laisser place à un complexe immobilier.

PS : Dantokpa n’est pas un marché, mais une place de marchés, car on y échange plusieurs biens. Un marché est un lieu (virtuel ou non) de confrontation de l’offre et de la demande en vue de fixer le prix d’équilibre d’un seul bien. C’est une notion que nous avons apprise récemment.

Descente dans Dantokpa

Pour toucher du doigt les réalités de Dantokpa, la promotion 2024 des JLB a effectué une sortie pédagogique sur cette place de marchés. On y trouve toutes sortes d’articles locaux et provenant de partout dans le monde, des vendeurs et acheteurs de différentes nationalités, ce qui fait son caractère international.

Les travailleurs informels de cette économie informelle coopèrent parfois avec des structures formelles. Ils sont assujettis à des taxes et patente de l’État. Bien que l’économie informelle puisse sembler désorganisée, elle est structurée à sa manière avec des associations de défense des intérêts de ses travailleurs auprès de l’État.

Malgré les problèmes d’insalubrité, d’infrastructures de confort, de manque de dispensaire, et de mévente liée à la crise de la COVID-19, ces travailleurs ne voient pas dans une délocalisation de leur site vers des marchés modernes bien aménagés une aubaine. Ils espèrent plutôt une modernisation de la place de marchés actuelle de Dantokpa.

De Dantokpa à Glo-Djigbé

De l’économie informelle à l’économie formelle, il n’y a qu’un pas : le pas de la formalisation. Cette transition repose sur une série de démarches administratives et légales qui permettent aux activités économiques, souvent non enregistrées et non réglementées, d’entrer dans le cadre officiel de l’économie. La formalisation comprend des étapes telles que l’enregistrement administratif, l’intégration dans le système fiscal, la réglementation du travail, l’accès aux services financiers et la protection sociale. La formalisation favorise ainsi la stabilité économique, la protection des travailleurs et le développement global de l’économie ; ce à quoi concourent les zones industrielles.

Glo-Djigbé ou le rêve béninois

La zone industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ) s’apparente à un rêve longtemps chéri par les Béninois et qui est en train de prendre corps progressivement avec l’installation des toutes premières usines de transformation de nos produits agricoles, tels que le cajou, et de nos matières premières, comme le coton. C’est la fabrique du “Made in Benin“, un branding savamment orchestré, dont les premiers résultats suscitent l’émerveillement.

Cependant, avec un site entièrement viabilisé sur financement public, les travailleurs formés et payés par l’État béninois sur une durée de 2 ans, avec des périodes d’inactivité dues à un manque de matières premières, et un régime de défiscalisation s’étalant sur plus de 12 ans, voire 17 ans, on peut se demander comment nous allons rentabiliser tout cela. Ce beau rêve béninois pourrait-il devenir un cauchemar à la longue ? Restons toutefois optimistes pour l’avenir, sans nous laisser emporter par les émotions.

Intelligence émotionnelle

S’il y a quelque chose de très difficile à gérer, ce sont nos émotions. Elles fluctuent d’un instant à l’autre et constituent un couteau à double tranchant. Bien gérées, elles peuvent devenir notre poule aux œufs d’or. Mal gérées, elles se transforment en boîte de Pandore. Apprenons à les maîtriser ou nous périrons, car elles jouent un rôle crucial dans les rapports de force dans le monde moderne. Cependant, évitons de tomber dans la manipulation.

Ce fut la troisième session du programme Jeunes Leaders du Bénin (JLB) 2024… À bientôt.