La profession de médecin reste la plus prisée au monde en raison de la noblesse du métier et du prestige du titre de Docteur en Médecine. Mais après…
Quelle représentation sociale ?
L’homme a été fait à l’image de Dieu selon les Saintes Écritures, mais le médecin semble plus représenter cette image que quiconque. Dans la culture populaire béninoise, le médecin est » l’assistant de Dieu « . Et Oui…
En effet, l’homme qui est capable de soigner ou de réparer son semblable mérite une place de choix, presque à la hauteur du Créateur. C’est à juste titre qu’on entend dire qu’un médecin ne tombe pas malade, etc. Le médecin doit refléter la bonté de Dieu dans son caractère. Il doit tutoyer la perfection divine dans ses actes et propos : un médecin ne fait pas ci, Il ne dit pas ça. Il doit donner de sa personne jusqu’à la croix. En bref, il a plus de devoirs que de droits.
Quid du rang social
De cette représentation sociale découle un rang social de choix. Vu de l’extérieur, le médecin est celui-là qui a réussi. Et qui dit réussir, dit atteindre un niveau satisfaisant de bien-être physique, psychique et matériel. Mais est-ce toujours le cas ?
Le médecin (au Bénin) souffre. La plupart du temps il ne vit pas, mais il survit. Oui… Il souffre mais ne veut pas perdre la face. Rester fidèle à son image, c’est le leitmotiv.
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La désillusion
Mais arrivera-t-il à garder cette image chèrement acquise, au prix de dur labeur, jour et nuit, sous le soleil et la pluie, dans la bonne santé et la maladie ?
La réalité fait peur. Sept à huit années d’études universitaires à la charge des parents (qui espèrent à coup sûr un retour sur investissement, à défaut, qu’il aura des conditions de travail et de vie acceptables), puis le voilà en train de courir de clinique en clinique (d’hôpital en hôpital), tel un nomade, à la recherche du gagne-pain. Mais pour quel pain ? Sônangnon ! (« demain sera meilleur »)
Ah j’oubliais, es-tu assuré cher coureur ? S’il t’arrivait malheur sur le chemin (on ne le souhaite pas), si tu tombais malade, qui s’occupera de toi ? Nul doute, Dieu veille. Oui… ce sont les assistants de Dieu, Il ne les abandonnera pas, c’est sûr. Mais qu’adviendrait-il de son avenir, de tous ses projets de vie, de sa retraite ?
La crise d’identité
Faut-il rester fidèle à tout cela ou trouver une autre issue ? Continuerai-je à faire fi de ma personne ou m’exprimerai-je ? Gros dilemme…
Puis-je me permettre certaines choses ou pas ? Chaque médecin essaie de répondre à ces questions en son for intérieur. Mais, il faut agir…
Sauvez le « soldat sans arme »
Oui… il y a urgence. Sauvez le sauveur. Il vit mal mais vous aide à bien vivre. Il vous aide à mieux vous projeter dans la vie, mais lui-même ne se projette que dans sa tête. Ne l’asphyxiez pas davantage en ternissant son image ou en abusant de sa personne. Redonnez lui sa grandeur, son éclat, et il vous le retournera dans ses services. Il en a fait le serment : « Je jure par Apollon médecin, par Esculape, Hygie et Panacée, par tous les dieux et toutes les déesses, et je les prends à témoin que, dans la mesure de mes forces et de mes connaissances, je respecterai le serment et l’engagement écrit suivant … je le jure ! ».
Médecin tu es… Médecin tu resteras.
Par Dr. Mahunan Gérard SOSSOU, Médecin généraliste.
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